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16 mai 2018

Présentation à la Haute école de travail social ▪ HES-SO Genève. Troisième partie

Je voudrais aussi vous entretenir d’une photo qui a été mise en ligne le 30 avril sur une page Facebook qui se voudrait humoristique «Humour du net» (NB j'avais déjà rédigé un article à ce propos, je raccourcis les explications que j'ai données aux étudiants). 


Tout le monde n’a pas étudié les pathologies visuelles, certes, mais avant de faire passer quelqu’un pour un simulateur, il devrait pouvoir y avoir moyen de se renseigner, non ? Si c’est fait poliment «pardon monsieur, je suis surpris de vous voir lire sur votre smartphone alors que vous avez une canne blanche»… je pense que cet homme lui aurait volontiers expliqué que selon le type de déficience visuelle, si cette dernière touche la vision périphérique, il est possible de lire mais pas du tout de se déplacer en toute sécurité (je crois que vous allez pouvoir en faire l’expérience par vous-même d’ici peu). 

Dès qu’une déficience visuelle est suffisamment sévère pour rendre les déplacements dangereux, la personne a besoin d’une canne blanche longue dite de détection. Ceux qui voient un peu mieux et peuvent encore se déplacer mais pour qui il est nécessaire de rendre les automobilistes attentifs à leur déficience visuelle, il y a des cannes blanches plus courtes, des cannes dites de signalement. Elle permettant également de vérifier une hauteur de trottoir par exemple. Tenue de biais devant la personne, elles permettent également de se protéger des obstacles frontaux. Je vous rends attentif en passant qu’en Suisse, si un déficient visuel indique son intention de traverser en brandissant sa canne blanche, – canne de signalement comprise –, l’automobiliste a l’obligation de s’arrêter et ceci même en dehors des passages piétons. Nous avons toujours la priorité. Inutile donc de remonter les bretelles des DV qui traversent hors passages pour piétons, ceux qui n'ont pas de chien-guide peuvent avoir du mal à les localiser. Merci de vous arrêter, sans piler sur les freins bien sûr au risque de causer une collision en chaîne, mais pensez-y ! Et surtout, faites le pour pour les personnes âgées, souvent c’est elles qui se font ignorer !  

Bien évidemment, nous faire signe n’est pas très productif, je sais que c’est naturel mais peu efficace. Donc après l’avoir fait, si tel est le cas, attendez tranquillement que le déficient visuel comprenne qu’il peut passer. Vous pouvez bien sûr ouvrir la fenêtre si la personne hésite et que la voie est vraiment libre (ce serait bête que quelqu’un déboule sur une double file). Klaxonner, n’est pas davantage efficace que les gestes, car le déficient visuel ne saura pas comment l’interpréter, s’il y a un danger. C’est à l’oreille que nous savons si nous pouvons y aller, à défaut de feux tricolores. Avec Yuka, j’ai 99% des automobilistes qui s’arrêtent (certains même quand je n’ai pas l’intention de traverser). Le chien attire souvent la sympathie. J’ai fait une expérience assez curieuse quand j’ai dû être opérée de l’épaule droite. Yuka a eu 10 jours de vacances dans sa famille de parrainage, et j’ai de nouveau été dans l’obligation d’utiliser blanchette que j’ai en plus dû manier de la main gauche. J’ai pu faire l’amère expérience que plus handicapée que d’habitude, le bras droit en écharpe, la canne blanche à gauche, les automobilistes ne me respectaient pas le moins du monde. C'est dire ce qui peut se passer pour les personnes les plus vulnérables, je pense plus aux personnes âgées !

J’ai davantage parlé, jusqu’ici, de situations où des non handicapés prennent des initiatives, bonnes ou mauvaises, pour nous aider et des situations où nous sommes amenés à décliner la proposition d’aide. 

Dans d’autres cas, à l’inverse nous pouvons être amenés à demander activement de l’aide, ou si nous n’avons pas besoin d'aide directe, nous pouvons au moins avoir besoin d’un geste et de compréhension. 


La plupart du temps, cela se passe bien mais parfois je me prends une fin de non recevoir. Pire mon interlocuteur se croit obligé de me dire ce que je dois faire sans avoir la moindre idée de la nature de ma difficulté.


Ex. : je voudrais traverser et demande le lampada à Yuka. 


Sous l’œil de Pascal Aeby (à droite), Yoda montre à Rania où se trouve le boîtier sonore et tactile qu’elle doit actionner. Image: PHILIPPE MAEDER Lire l'article en entier : cliquer ICI

15 mai 2018

Présentation à la Haute école de travail social ▪ HES-SO Genève. Deuxième partie

Les points qui me paraissent saillants dans les deux vidéos que j'ai mises dans la fin de la première partie sont les suivants : 

1) – la manie de penser à la place de la personne handicapée .


2) – Je n’ai pas mis d’extrait mais j’aurais pu, – je l’ai personnellement moins vécu que mes amis aveugles –, ce sont les situation où l’on s’adresse à la personne accompagnante comme si nous avions tous laissé notre cerveau dans la table de nuit. Pendant que j’y suis, il y a aussi une manie que semble avoir épousé certains qui travaillent avec des personnes handicapées – j’ai connu un chauffeur pour transport accompagné qui m’a fait le coup – de s’adresser à nous à la troisième personne et d’utiliser le «on». Le souci c’est que c’était quelqu’un de gentil. J’ai donc réfréné mon envie de me servir de ma canne blanche façon Tortue Ninja (on devrait faire des cours martiaux canne-blanche). J'aurais bien répondu à un de ses  «on va bien ?» avec un truc du genre : «oui, j’ai fait popo ce matin !» pour 


3) – Il y a ceux qui, sans nous aborder, se posent des questions à notre propos et en font profiter tout le  monde dans les environs. Certains perdent de belles occasions de se taire... Telle la femme qui, au restaurant dans le complexe d'Ovronnaz les bains, a réussi à dire à son mari «elle ne prend quand même pas son chien dans la piscine ?». Je me serais bien vu lui dire «Mais bien sûr que si Madame, mon chien est tout désinfecté, il passe ses quatre pattounes dans le pédiluve, et ça se justifie, j'en ai besoin pour trouver les buses pour me masser dans l'eau !». J'imagine déjà la scène... Merci à l'amie qui a fait ce traitement d'image ;-)


 Description : Une photo provenant du site de la station thermale d'Ovronnaz avec les deux bassins extérieurs. Une photo de Yuka et moi qui nageons dans le lac a été transférée dans le bassin du premier plan. J'ai une main posée sur son le dos de Yuka qui est orientée vers les buses et, dans une bulle écrit en blanc sur fond noir, je dis «Yuka, vai busa !». Yuka, va vers les buses !  


Présentation à la Haute école de travail social ▪ HES-SO Genève. Première partie

Aujourd'hui, Yuka et moi nous étions invitées dans une école pour que je puisse y témoigner sur le sujet du handicap. 

Comme ma prise de parole était prévue pour 60 minutes environ, mon article comportera plusieurs parties. 

Bonjour à tous, 

merci de m’accueillir dans votre cours : «Handicap : Questions sociales et réponses socio-politiques».

Dans ma présentation, je vais vous parler de mon handicap et comment ce dernier influence mon quotidien. Les obstacles que je rencontre, ce qui facilite ou au contraire complique mon quotidien. Comment j’essaie de contourner ces obstacles pour avoir la meilleure qualité de vie possible. 

Brièvement je me prénomme Dionysia, j’ai 53 ans, et suivi un double cursus en psychologie et dans le domaine des médecines naturelles.

Ma formation de base va sans doute inspirer ma façon de m’adresser à vous, car je souhaite que mon témoignage soit le plus didactique possible. Ce que j’aimerais avant tout, c’est vous inviter à réfléchir sur vos premières réactions lorsque vous rencontrerez une nouvelle personne handicapée  dans le cadre de votre travail pour les aborder avec le moins de préjugés possible (nous en avons bien évidemment tous). 


Je me doute que vous avez déjà abordé les définitions du handicap, aussi j’espère que vous me pardonnerez ce petit rappel théorique, puisque je suis là avant tout pour vous apporter un témoignage. Vous découvrirez plus tard mes raisons de procéder ainsi.


Un chapeau, avec des gants pour symboliser la main dans le chapeau, avec de l'argot à l'intérieur, une canne blanche de détection pliée, et en arrière plan un clavier de malvoyant. 

05 mai 2018

Quand l'ignorance crasse mêlée à l'incitation aux moqueries (à la haine) se propage sur les réseaux sociaux

Chers lecteurs,

Parfois, pousser des gueulantes, ça soulage... 

Voici ce qui se partage, hélas assez rapidement, sur une page supposée humoristique de Facebook. Comme à l'accoutumée, voici une photo description de la capture écran que j'ai faite de ce poste.

Il s'agit de la photo d'un homme assis dans un bus, tenant sa canne blanche longue de détection et se servant d'un smartphone. L'auteur, qui ne s'embarrasse pas de précaution pour préserver l'identité de l'homme qu'il a pris de face, croit nécessaire d'y ajouter une légende où il nous démontre toute l'étendue des limitations de son esprit – je recopie tel quel – : «Y a un truc qui cloche, qui a vu et compri ? 😂 FAITE DEFILER.. Il y a plus de 3000 likes et tout autant de partages. Cela a été publié sur «Humour du net» le 30 avril 2018.